Chuong 2-PRATIQUER
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- Được đăng ngày Thứ bảy, 20 Tháng bẩy 2013 08:54
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PRATIQUER LE BOUDDHISME
EN TOUTES CIRCONSTANCES
Nombreux sont ceux qui pensent que la pratique du bouddhisme est réservée à une minorité de riches oisifs et guère aux pauvres ayant du mal à joindre les deux bouts et ne disposant pas de temps libre.
Autre préjugé : le bouddhisme ne concernerait que les malheureux, les déshérités souffrant de solitude ou de handicaps qui trouveraient dans la pratique une consolation à leurs souffrances. Il ne concernerait pas les nantis dans leur cocon familial qui baignent dans l’abondance et le luxe.
Enfin, quelques-uns pensent que c’est une opportunité de repentance réservée aux personnes qui ont fait preuve de cruauté, ont péché et veulent se racheter. Alors qu’eux qui se considèrent comme des personnes qui n’ont fait aucun mal à autrui, n’en ont pas besoin.
Avec de telles conceptions, qui peut encore voir la nécessité de pratiquer le bouddhisme ? Toutes ces personnes ignorent qu’en nous cohabitent le bien et le mal. Si nous donnons libre cours à notre mauvais penchant en obéissant à notre instinct, nous perdrons toute dignité humaine et seront responsables de fautes innombrables.
Le pratiquant se doit de réduire la part de ses idées erronées et de développer son penchant au bien. Avec une telle observance, il pourra acquérir les qualités nécessaires pour la réalisation de bonnes œuvres envers son entourage. Alors pourrait-on dire quelles sont les circonstances nous empêchant de pratiquer le bouddhisme ?
PRATIQUER LE BOUDDHISME
DANS LE TUMULTE DE LA VIE
Certaines personnes sont continuellement occupées à subvenir aux besoins de la famille. Dès l’aube, elles doivent être présentes sur le marché pour ne rentrer qu’à la nuit tombée. Ensuite, elles doivent s’occuper du repas du soir et du linge des enfants jusque tard dans la nuit. Elles n’ont pas de moment libre à consacrer à la pratique. Si on leur demandait de prier, de réciter des sūtra ou de dévider leur chapelet, elles en seraient incapables. Toutefois, la pratique à observer ici consiste à abandonner les mauvaises pensées, les paroles méchantes et les actions cruelles, pour ne nourrir que les meilleures pensées, les paroles aimables et les bonnes actions. Une telle pratique est accessible à tous puisqu’elle ne demande pas de temps disponible à lui consacrer.
Dans le commerce, si nous sommes honnêtes dans nos pensées, paroles et actions, nous gagnerons la sympathie de la clientèle qui, une fois satisfaite, fera prospérer nos affaires. Prenons l’exemple d’une commerçante qui affiche 1200 VNĐ* pour un objet qu’elle espère vendre à 1000 VNĐ. Malheureusement pour elle, le client ne lui propose que 300 VNĐ. Si la vendeuse n’est pas une pratiquante, elle pourra se mettre en colère, proférer des injures et s’engager dans une violente dispute. En revanche, si elle est pratiquante, elle n’a qu’à sourire et à répondre doucement : "C’est encore trop en dessous de son vrai prix pour que je vous le vende". Tout se passera tranquillement sans que personne ne soit froissé dans l’affaire, et le client pourra même revenir par la suite faire d’autres achats. Face à ces différends, si nous savons maîtriser notre colère, choisir des réponses modérées et adopter une attitude calme, cela reflètera une bonne pratique.
Quotidiennement, sur le marché, de tels différends ont sans cesse lieu. Aussi une bonne pratique du bouddhisme est-elle primordiale pour ceux qui vivent dans ce milieu. C’est pourquoi, selon les Anciens, "la pratique au sein du marché dans le tumulte est plus louable que celle dans la solitude des montagnes".
En tant que paysans portant la pioche pour aller aux champs, si nous pensons : "Soyons laborieux pour obtenir une bonne récolte afin de nourrir notre famille et, avec le surplus, venons en aide à nos compatriotes", une telle pensée constructive équivaut à une bonne pratique. Si la pousse est meilleure dans le champ voisin que dans le nôtre, nous n’allons pas éprouver de jalousie mais plutôt nous réjouir pour le voisin d’avoir eu une si bonne récolte, et sa famille d’avoir une vie plus confortable… De notre côté, efforçons-nous d’appliquer son savoir-faire. C’est là l’esprit d’un bon pratiquant bouddhiste.
Au cours des travaux de construction des digues et de labourage des champs, dès qu’il y a émission de pensées, si celles-ci s’avèrent mauvaises, nous tâchons de les éliminer immédiatement. En revanche, si elles sont bonnes, nous essayons de les développer. Cela est la bonne pratique. Ou bien, si à chaque coup de pioche correspond une invocation à Bouddha ou un acte accompli en pleine conscience, nous serons au cœur de la pratique.
Pour un écolier très pris par ses études, la pratique du bouddhisme ne doit pas constituer un obstacle. En allant à l’école, s’il pense : "Je dois bien travailler pour pouvoir aider mes parents quand ils seront âgés, acquérir une compétence pour mieux servir ma patrie dans l’avenir", il est déjà dans la pratique.
Si, à l’école pour ne pas décevoir ses professeurs qui se sont donnés beaucoup de peine pour enseigner, il sait écouter attentivement et retenir les leçons ; à sa manière, il pratique le bouddhisme.
Si, au lieu d’être jaloux des camarades mieux classés que lui, il les prend pour modèles pour s’améliorer, il possède l’esprit bouddhique. En bon pratiquant, il sait reconnaître ses erreurs pour se corriger immédiatement ou supporter les punitions sans plainte ni rancœur. Aux camarades moins instruits et ayant moins de moyens que lui, il sait fournir aides et conseils. C’est cela, une bonne pratique.
Si la société de demain est meilleure et plus rayonnante, ce sera grâce à "ces jeunes pousses de pratiquants".
PRATIQUER LE BOUDDHISME DANS LA PAUVRETE
Quand nous sommes pauvres, notre pauvreté ne se manifeste que sur le plan matériel, et non en pensées, paroles et actions. Transformer les pensées et les actions négatives en positives, c’est pratiquer le bouddhisme. Ni temps spécifique ni argent ne sont nécessaires pour réaliser cela. C’est précisément cette vie de labeur qui nous offre cette opportunité, comme en témoigne l’exemple d’une personne harcelée par les difficultés qu’engendre la pauvreté et qui garde cependant un cœur droit, des paroles aimables et fait preuve d’honnêteté. De telles qualités humaines attirent sur cette personne la sympathie des gens et les incitent à lui venir en aide, atténuant ainsi ses difficultés.
À l’opposé, une autre personne dans une situation similaire mais dont le comportement est arrogant, les paroles désobligeantes, les manières brutales, a plus de chance d’entraîner l’antipathie et le rejet des autres gens. Sans aide, les difficultés lui seront de plus en plus dures à surmonter.
Avec un cœur pur, des paroles aimables et une conduite généreuse, nous trouvons toujours la paix et le bonheur, même dans la pauvreté. Un mari sachant faire des concessions à sa femme, une épouse respectant son mari, des enfants ayant de la piété filiale pour leurs parents et leur manifestant de la reconnaissance, cela révèle une vie familiale de partage et de communion harmonieuse.
PRATIQUER LE BOUDDHISME EN CAS DE MALADIE
En général, on considère la maladie comme un obstacle à la pratique du bouddhisme. C’est également une vue erronée. Si l’on considère que la psalmodie des sūtra, la pratique de la méditation assise constituent la pratique du dharma, la maladie avec l’incapacité de pratiquer ainsi risque alors d’être vue comme un obstacle.
Cependant, si le but de la pratique est de prévenir la souffrance et de vaincre les pensées illusoires, on peut y parvenir, qu’on récite ou non les sūtra, qu’on fasse ou non zazen*. Si une personne gravement malade et grabataire arrive à se concentrer, malgré son état, sur l’invocation du Bouddha avec détermination, sans qu’aucun événement extérieur ne puisse la perturber, il s’agit de la pratique de la suprême persévérance selon la Voie de « la Terre Pure »*. Où est donc l’obstacle ?
Prenons un autre cas : celui d’un malade qui, plutôt que d’invoquer les noms des Bouddhas, préfère pratiquer la méditation-concentration, méditer sur son corps et y voir la source de ses souffrances, sa nature impermanente et impure, sans existence intrinsèque. Il s’est appuyé sur son corps malade afin de développer la vision profonde sur la vraie nature de sa personne. Ceci permet de réaliser la Sagesse et de s’approcher du Nirvāṇa*. Tel est la pratique de méditation bouddhique. Malheureusement, même un pratiquant habituellement appliqué, une fois malade, peut se démoraliser et devenir facilement insupportable pour son entourage, ce qui est pour le moins affligeant. Si nous nous donnons la peine de pratiquer quand nous sommes encore en bonne santé, nous trouverons suffisamment de force pour lutter au moment ultime, proche de la mort. Si nous changeons de direction au dernier moment, tous nos efforts auront été vains.
Pour nous bouddhistes, la maladie devrait être l’opportunité de concentrer toute notre énergie à la pratique, en gardant l’esprit clair sans être pris dans les pensées. Ainsi nous rejoindrons la nature-de-Bouddha, nous accéderons au Nirvāṇa* et nous échapperons au Saṃsāra*.
PRATIQUER LE BOUDDHISME CHEZ SOI
Un certain nombre de bouddhistes estiment qu’avec des préoccupations familiales, la pratique chez soi est difficile. Ils pensent que la vie dans les ordres, qui laisse plus de temps libre leur permettrait d’accéder plus facilement à la libération. Ce point de vue est inexact. Si vous considérez que la vie familiale est une surcharge de travail, rien ne vous assure que celle menée à la pagode soit moins chargée.
Les Anciens avaient indiqué qu’ "avant d’endosser la robe de moine, on se plaint d’avoir une surcharge de travail. Une fois la robe endossée, on trouve que la masse de travail est encore plus lourde". Ces remarques procurent un goût bien amer aux pratiquants bouddhistes. C’est justement en voulant éviter le génie du foyer* que l’on retrouve le représentant de l’allumelle*, c’est à dire qu’on passe d’un mal à un autre. N’avons-nous pas souvent entendu les plaintes des Vénérables, directeurs de pagode : « Administrer une pagode équivaut à être la bru de cent familles". La question reste posée. Ont-ils plus ou moins de travail ? Sont-ils plus sollicités ou jouissent-ils de plus de paix ?
L’essentiel de la pratique bouddhique est de bien saisir le sens de la pratique et d’être ferme dans ses convictions. Ces deux qualités étant réunies, on aura autant d’allégresse à pratiquer le bouddhisme chez soi que dans les ordres. Nous devrions avoir l’habileté de nous adapter aux différentes circonstances, sans exigence particulière afin de pouvoir nous adonner à la pratique. En fait, ces exigences ne seront que prétexte pour nous décourager, car des situations propices pourraient ne jamais se présenter à nous.
Il existe des bouddhistes ayant déjà de nombreux enfants qui s’obstinent à demander à entrer dans les ordres, laissant ainsi à leurs proches la charge de leur progéniture. Une fois leur aspiration satisfaite, et après un certain temps de pratique dans les ordres, ils apprennent que leurs familles ou leurs enfants connaissent des difficultés. Dès lors, ils se hâtent de retirer leurs robes jaunes et de réintégrer leur domicile. Cette décision relève d’un geste tout à fait impulsif.
PRATIQUER LE BOUDDHISME
EN TOUTES CIRCONSTANCES : TEMOIGNAGE
Autrefois, sous la dynastie Tang** en Chine, vivait la famille Bàng Long Uẩn** qui, grâce à la pratique du bouddhisme en famille arriva à se libérer des cycles des renaissances et des morts. Depuis, les mérites religieux de cette famille ont toujours été cités dans les milieux des pratiquants bouddhistes. Ainsi , de nos jours dans la pratique de la Voie de Terre Pure, on récite encore au cours de la prière du soir : "Il faut pratiquer la méditation bouddhique comme autrefois la famille Bàng ..."
Bàng Long Uẩn père était initialement disciple de Confucius**. Après avoir étudié le bouddhisme qui lui procura nombre de satisfactions intérieures, il partit pour mener sa quête spirituelle auprès des maîtres zen. Au début, il alla questionner le Maître zen Hy Thiên Thạch Đầu**: "Quel est l’être qui ne suit pas les phénomènes extérieurs?" De sa main, le Maître lui ferma la bouche. Il réalisa tout de suite sa conscience zen. Ensuite il alla poser la même question au Patriarche Mã Tổ Đạo Nhất**. Le Maître lui dit : "Quand vous arriverez à vider, en une seule gorgée, l’eau du fleuve Giang Tây [Jiang si] , alors je pourrais répondre à votre question". Bàng Long Uẩn réalisa encore plus profondément son esprit d’éveil.
La famille Bàng se composait de quatre personnes: Bàng et son épouse, un garçon et une fille. Leur maison se trouvait au pied d'une montagne et chaque jour avec des lattes de bambou, Bàng confectionnait des stores que sa fille portait ensuite au marché voisin pour les vendre. Leur vie fut modeste et simple, essentiellement consacrée à la pratique régulière de la méditation bouddhique. Un jour, pendant la réunion familiale pour le partage du dharma, le père dit : "C’est dur, dur, dur de grimper sur un arbre enduit de dix quintaux d'huile de sésame". La mère répondit : "C’est facile, facile, facile. Dans ma tête, il y a cent germes de pensées de notre Maître fondateur". Leur fille Linh Chiếu** s'exprima à son tour: "Cela n'est ni facile ni difficile comme manger lorsqu'on a faim ou dormir lorsqu'on est épuisé".
Selon le père, pratiquer le bouddhisme est aussi difficile que grimper sur le tronc d'un grand arbre sans aspérités et enduit d'huile. Au contraire, pour la mère, cette pratique est très facile, car elle voit partout les pensées du Maître. Quant à Linh Chiếu toute pondérée, pour elle, la pratique du bouddhisme n'est ni difficile ni facile, car si on arrive à surpasser les deux pôles du dualisme, l’esprit sera dans un état de calme et de sérénité. Quand on a faim, on mange ; quand on est fatigué, on dort. Il est facile de se méprendre sur les propos de Linh Chiếu en considérant que la méditation bouddhique est ce simple fait de manger lorsqu'on a faim ou de dormir lorsqu'on est fatigué, puis de se laisser vivre selon ses propres penchants. Rien n’est plus désastreux que de vivre ainsi! En réalité, Linh Chiếu voulait essentiellement indiquer que lorsque l’esprit est détaché de la dualité " difficile/facile, bien/mal, bon/mauvais, succès/échec "...on peut manger ou dormir en toute simplicité.
Pour exprimer la communion spirituelle parfaite entre les membres de sa famille, le père écrivit la stance suivante:
Notre fils avec sa vie de célibat,
Et notre fille qui ne se marie pas,
Notre famille en parfaite entente
Nous parlons ensemble du Non-né *.
[Con trai không cưới vợ
Con gái không gả chồng
Cả nhà cùng sum hợp
Đồng bàn lời vô sanh.]
Agé, il s'assit un jour sur le divan-lit central* et, pressentant l’approche de sa mort, il demanda à sa fille Linh Chiếu : "Vas voir dans la cour de la maison si le soleil est au zénith et reviens me le dire". Linh Chiếu sortit et revint lui dire: "Le soleil y est presque, mais il est éclipsé par la lune. Père, vas regarder toi-même". Le père sortit, mais lorsqu'il rentra dans la maison, ce fut pour constater que sa fille était morte, assise en position du lotus, au centre du divan-lit. Il eut ces simples mots : "Ma fille est vraiment éveillée".
Après les obsèques de Linh Chiếu, il informa ses proches qu'il allait bientôt quitter ce monde. Un jour devant ses amis tous réunis, il se coucha, la tête posée sur les genoux de son grand ami Châu Mục Công et, fermant les yeux, il mourut. Apprenant sa mort, son épouse se rendit au champ et dit à son fils en train de labourer la terre avec le buffle attelé à la charrue:
- Mon fils, ton vieux père "inconscient" et ta sœur "idiote" nous ont quittés!
Son fils lui répondit :
- En est-il ainsi, mère !
Puis, en se tenant debout, il rendit son dernier souffle. La mère murmura :
- Encore un « idiot » qui me quitte.
Après l'enterrement de son fils, elle se retira pour aller mourir dans la montagne.
Cette histoire reflète la maîtrise parfaite de la famille Bàng Long Uẩn dont les membres arrivent à vivre sereinement leur mort. Le père confectionna des stores, sa fille les vendit au marché, son fils travailla au champ et son épouse s’occupa des tâches ménagères, et tous étaient parvenus à se libérer de la naissance et de la mort. Et nous, pourquoi cherchons-nous des prétextes de toutes sortes afin de justifier notre incapacité à nous adonner à la pratique ?
À l’époque de la dynastie des Trần au Vietnam, le roi Trần Thánh Tông** et Tuệ Trung Thượng Sĩ** montrent qu’un roi et un ministre sont tous deux capables de pratiquer efficacement le bouddhisme ce qu’illustre l'histoire suivante. À l'occasion de la cérémonie commémorative de la mort de sa mère Hoàng Thái Hậu, le roi invita tous les dignitaires à un banquet. Parmi les invités figurait également Tuệ Trung Thượng Sĩ. Le roi pria chacun d'écrire une brève stance pour mieux appréhender leur vision du Buddhadharma*. Ayant lu des nombreuses stances formulées, le roi ne fut pas satisfait. Il demanda alors à Thượng Sĩ de composer la sienne. Voici ce que le ministre écrivit d'un seul trait de plume :
Toute vision fait suite à une autre vision,
Tout comme frotter ses yeux provoquent des papillotements.
Et lorsque ces corps lumineux auront disparu,
Les yeux retrouveront alors leur vision nette.
[Kiến giải trình kiến giải
Như dụi mắt thấy quái
Dụi mắt thấy quái rồi
Rõ ràng thường tự tại].
Après avoir lu ces vers, le roi composa la suite :
Une fois que les yeux ont retrouvé leur vision nette,
Si nous les frottons de nouveau, les papillotements réapparaissent.
Visibles ou non, ces corps lumineux ne sont que des illusions,
Qui disparaissent d’eux-mêmes.
[Rõ ràng thường tự tại
Cũng dụi mắt thấy quái
Thấy quái chẳng thấy quái
Quái ấy ắt tự hoại].
Notre propre perception des choses est illusoire comme ces papillotements apparaissant devant nos yeux irrités. Lorsque nos yeux retrouvent leur état normal, ces corps lumineux ont disparu. Notre vue redevient claire et nette. Il en est de même pour notre esprit troublé par la vision erronée des choses. Lorsque celle-ci aura disparu, notre esprit retrouvera, à ce moment-là, sa clairvoyance.
Le roi Thánh Tông et son ministre Thượng Sĩ perçurent ensemble la même vision des choses bien que leurs propos aient été inversés. Le ministre déclarait qu’en frottant les yeux, ceci provoque des papillotements, et lorsque le trouble disparaît, la vue redevient normale. Le roi, lui, affirma que les yeux voient nettement avant d’être frottés, mais qu’après les frottements, la vision devient trouble. C’est justement à l’apparition de ces papillotements que nous devrons reconnaître qu’ils sont « non réels » et voués à disparaître. La vue retrouvera ainsi sa netteté initiale.
Quand le roi Thánh Tông tomba gravement malade, le ministre lui écrivit pour s'enquérir de son état. Le roi répondit par ces deux vers :
La fièvre me couvre de sueur.
Mais celle-ci ne mouille jamais le "lange maternel *".
[Hừng hực hơi nóng toát mồ hôi
Chiếc khố mẹ sanh chưa từng ướt].
Le ministre fut à son tour légèrement malade. Dans son domaine portant le nom de "Domaine nourri de vérité" (Dưỡng Chân Trang), il s'allongea sur son lit de bois selon la position du "Bienheureux", les yeux baissés. Voyant cela, ses serviteurs et concubines sanglotèrent. Le ministre rouvrit les yeux, puis se leva. Il demanda de l'eau pour se rafraîchir les mains et la bouche. Ensuite, il leur fit gentiment ce reproche: "Vivre ou mourir est tout à fait naturel, pourquoi avez-vous manifesté tant de chagrins et de regrets qui viennent troubler le calme de mon esprit?" A ces mots, il s’allongea et s’éteignit en toute sérénité.
D’un côté, un roi qui, lors de son agonie, malgré la souffrance de désintégration des quatre éléments de son corps*, a pu reconnaître quelque chose d’immuable en lui, "le lange maternel". De l’autre côté, un ministre, entouré de nombreux serviteurs et concubines, qui parvint néanmoins à quitter ce monde en toute tranquillité malgré les pleurs et les regrets de son entourage.
Si nous alléguons comme prétexte que les multiples préoccupations nous empêchent de pratiquer efficacement le bouddhisme, que penser alors de celles d’un roi voué à son peuple qui défendit son pays contre les envahisseurs du Nord et de celles d’un ministre entouré de ses nombreux serviteurs et concubines ? Or, ce roi et ce ministre ont pu pratiquer avec ferveur le bouddhisme. Au vu de ces deux attitudes exemplaires, nous n’aurons donc aucune excuse pour dire que la pratique du bouddhisme est trop difficile.
En résumé, en tant qu’êtres humains, nous sommes loin d’être parfaits. Nous devrions exercer la pratique de cette transformation en nous pour faire cesser les trois karma négatifs et cultiver constamment les bonnes actions engendrées par le corps, la parole et la pensée. Cesser les actes négatifs et accomplir les actes positifs constitueraient les conditions sine qua non à tout être qui aspire à se perfectionner.
Renoncer à la pratique bouddhique, c’est renier toute progression, refuser les choses merveilleuses et nobles, ou dédaigner la sérénité et le bonheur. Pour ceux qui se décident à s’élever et aspirent à une vie sereine et joyeuse, une famille heureuse, une patrie florissante, la pratique bouddhique sera la clé de la réalisation de toutes ces espérances.
FIN DU DEUXIEME CHAPITRE